Article dans 24heures

Posté par le 20 juin, 2017

Le ramadan à Pully sert de « pont entre les cultures »

Aline Ecuyer

Devant une maison typiquement suisse de Pully, les odeurs de cuisine d’Orient embaument l’atmosphère. Une invitation à franchir la porte grande ouverte de Nezha Drissi. Depuis dix ans, elle perpétue une tradition venue des Pays-Bas qui consiste à inviter l’autre dans sa maison pour partager le repas de rupture du jeûne, l’iftar. Une démarche également entreprise par une famille de Lonay cette année.

Le collectif Portes et cœurs ouverts réunit des foyers musulmans qui souhaitent créer un pont entre leur culture et la Suisse. Cette année, deux soirées ont eu lieu chez l’habitant vendredi et samedi – la Journée nationale du réfugié avait aussi lieu samedi. L’occasion pour Nezha Drissi de proposer aux familles ayant trouvé refuge ici d’accueillir à leur tour des Suisses et de leur cuisiner des plats de chez eux.

Des recettes à déguster

Les différentes spécialités culinaires viennent d’Afghanistan, du Maroc et de Syrie: «Des familles d’Alep ont cuisiné toute la journée pour offrir ce repas, s’enthousiasme l’hôtesse de la soirée. Elles peuvent ainsi retrouver les joies de l’accueil qu’elles vivaient dans leur pays natal.» Le bonheur de partager ce moment se lit sur les visages de chacun.
A 21 h 28, le jeûne est rompu avec du lait d’amandes et des dattes. Une fois la glace brisée, les échanges et les rires emplissent la maison. Malgré la barrière de la langue, les cœurs s’ouvrent et des amitiés se créent: «C’est ça la magie de ces soirées», s’enthousiasme Samira Banny, une participante de longue date. Une autre confirme: «J’étais venue il y a quelques années sans connaître personne. Certains sont devenus des amis.»

Déconstruire les préjugés

Par la connaissance et le dialogue, les préjugés ont été patiemment déconstruits. Par exemple, les quelque 60 personnes présentes à Pully pouvaient écrire leurs questions sur un papier et le déposer dans une urne pour qu’elles soient lues devant l’assemblée.
Depuis deux ans, le collectif s’associe avec Sourires de femmes, une association qui vient en aide aux femmes traumatisées. «Elles sont une source d’espoir car elles génèrent l’amour et la paix dans le foyer», explique la présidente, Alia El May Azmeh. L’association qu’elle a créée propose des ateliers, notamment de textile, ici et dans les zones de conflits pour guérir les angoisses et les traumatismes.

La Harira revisitée de Nezha Drissi

Cette soupe marocaine est traditionnellement servie après le coucher du soleil pour rompre le jeûne durant la période du ramadan.
Pour 4 personnes:

2 gros oignon râpés
Un filet d’huile d’olives
Un bouquet de persil plat
Un bouquet de céleri branche
Sel, poivre
½ cuil. à café de curcuma frais ou en poudre
½ cuil. à café de gingembre en poudre
½ cuil. à café de canelle en poudre
7 grosses tomates ou 1 litre et demi de coulis de tomate
200g de pois chiches trempées depuis la veille
150g de lentilles
100g de quinoa
Un bouquet de coriandre

Dans une grosse casserole profonde, faire revenir l’oignon coupé dans de l’huile d’olives, ajoutez les pois-chiches, le persil haché et le céleri, le curcuma, du sel et du poivre puis ajoutez un demi verre d’eau et laisser mijoter.
Ajouter les tomates pelées et mixées ou le coulis de tomates, les pois chiches trempées et les lentilles. Verser un filet d’huile, et environ 2,5 litre d’eau, laisser cuire pendant une une heure puis vérifiez si les lentilles et pois-chiches sont cuits. Ajouter la quinoa et la coriandre hachée et laisser mijoter pendant 20 minutes.
Facultatif: une fois servie, on ajoute à la Harira un peu de jus de citron selon goût.